Musiques Innovatrices
22e édition / Saint-Etienne / du 5 au 8 juin 2014
Edition accomplie à l’arraché, équipe volontaire et participants bénévoles à pied d’œuvre comme il s’entend. Signe-t-elle la fin d’un cycle ou les piétinements précédant un nouvel essor ? L’hiver de la culture, pour reprendre le titre d’un ouvrage de Jean Clair, occulte, quand elle ne fait pas passer à la trappe, des initiatives dont on ne cherche plus à comprendre le sens, asservis à l’oukase du prestige et au nivellement distractif par le bas. Qu’on en juge par l’indifférence ou le peu de perspicacité dont à ce jour font preuve les institutions à l’égard de la création véritable. Une fois encore nous avons, à l’écart des axes communément empruntés, débusqué des expressions sonores originales, de celles qui auscultent en secret le pouls du monde et traduisent l’amplitude de ses battements irréguliers. Car ne l’oublions pas, il est bien ici question d’irrégularité, pour ne pas dire d’irrévérence ! Après un hiatus réparateur de trois années, ni le cadre, ni l’ordonnance ne changent. D’affriolantes découvertes et le retour d’anciens incorruptibles dans un lieu magique (splendidement rénové, nouvelles salles accessibles) où il fera bon déambuler, ouvrir les oreilles en grand et s’étonner.
Bruno Meillier
Le Festival des Musiques Innovatrices n’a pas seulement permis la venue de compositeurs, interprètes et groupes musicaux contemporains internationaux parmi les plus pertinents mais il est, au fil des ans, devenu un temps culturel fort à Saint-Etienne et sa région. Son indéniable originalité et l’intérêt que lui ont accordé le public et les médias depuis sa création ont fini par consacrer ce festival autre à l’étranger comme dans notre hexagone. Proposant, avec une exigence de qualité et une rigueur dans ses choix, une musique ébouriffante, rarement entendue ailleurs, les Musiques Innovatrices ont su occuper un vrai créneau.
C’est en 1987 que ce carrefour des musiques d’aujourd’hui a été créé au Théâtre Copeau de la Maison de la Culture de Saint-Etienne sur le modèle des Musiques de Traverses à Reims ou sur celui du festival MIMI à Saint-Remy de Provence. La direction artistique en fut confiée à Bruno Meillier, lui-même musicien à cheval entre plusieurs styles (jazz, rock, musiques improvisées). Grâce au travail effectué depuis bientôt trois décennies, l’organisation Toto n’aime pas la soupe, constituée de mélomanes et de musiciens résidant à Saint-Etienne et dans sa région a effectué un travail de terrain important (stand d’information, accueil des festivaliers venus de l’extérieur, vente de disques, organisation de petits concerts durant l’année...) dès 1990.
A partir de 1997, suite un hiatus de trois ans, une 2e époque des Musiques Innovatrices s’inscrivit dans Art dans la Ville, événement dévolu aux arts plastiques. Profitant d’un brassage fructueux permettant la circulation des idées et la germination de nouveaux publics, les performances, installations sonores, diffusions et concerts se retrouvèrent éclatés dans des contextes inhabituels (musées, galeries d’art, friches industrielles, ateliers d’artistes, bars, etc). 3e époque : à la suspension d’Art dans la Ville en 2005, les Musiques Innovatrices s’ancrèrent au Musée de la Mine, lieu chargé d’histoire et de mémoire de la Ville de Saint-Etienne, entièrement rénové en 2014 et propre à fournir un cadre extraordinaire à ce type de concerts.